J'ai passé quatre jours à Marseille la semaine dernière durant lesquels j'ai été invitée par l'association La forêt en papier à intervenir dans une école avec des CP, dans un centre social avec quelques petits groupes d'enfants ainsi que dans la bibliothèque d'Air Bel, pour un workshop avec des adultes et un atelier parents-enfants.
Habituellement, on me propose de faire des ateliers créatifs d'une ou deux heures maximum. Pour cette fois, j'avais la possibilité de faire un atelier sur un temps long, ce qui est, je m'en suis aperçu en faisant les ateliers, un vrai luxe, un temps de partage exceptionnel.
Voici le récit de ces ateliers, l'idée étant de faire découvrir l'aquarelle à des enfants de 6 ans !
En préparant l'atelier, je me suis posée cette question : quelle différence y a-t-il entre l'aquarelle et la peinture à l'eau que tous les enfants connaissent ?
Outre le prix du matériel, bien plus conséquent ?
Antonia, qui dirige l'association La forêt en papier a d'ailleurs fait le choix d'acheter un matériel de qualité, autant pour les pinceaux, que pour l'aquarelle ou le papier, ce qui est une démarche plutôt rare et très appréciable dans le contexte d'un atelier pour enfants.
Il y a un phénomène que les enfants peuvent appréhender immédiatement et facilement avec l'aquarelle : la peinture fuse.
Chaque enfant avait devant lui un verre d'eau, les couleurs primaires en version liquide ainsi que du noir et du blanc.
Nous avons fait une petite expérience : chacun déposait dans son verre une goutte d'aquarelle jaune, puis bleu, puis rouge.
Effet garanti !
Il y a vraiment quelque chose de magique à observer (même pour un adulte) la couleur se déplacer dans l'eau sans vraiment se mélanger à celle-ci puis se déposer au fond dans un nuage coloré.
Pour finir cette première matinée, Antonia avait eu une très bonne idée, préparer des "carnets d'artistes" pour chaque enfant. L'idée étant qu'après deux heures de concentration intense, ils puissent peindre à l'aquarelle en toute liberté et ce, dans un carnet qu'ils pourront continuer dans chacune des autres séances.
Même si certain ont eu quelques difficultés pour gérer la quantité d'eau, de couleurs, le temps de séchage, les résultats sont plus que prometteurs. Il y a déjà beaucoup d'inventivité, une variété de thèmes, de manières de faire très riches.
Le lendemain, nous proposons aux enfants de reproduire l'expérience du verre d'eau... Mais sur le papier. Celui-ci est préalablement mouillé (comme pour un lavis), les enfants posent d'abord une goutte de peinture, puis deux, puis trois. Ils gèrent les quantités d'eau, d'aquarelle ainsi que les mélanges de couleurs pour obtenir de magnifiques tâches d'aquarelle.
Nous poursuivons avec ces tâches sur des surfaces plus grandes, avec l'idée de suggérer une forêt, une jungle (nous travaillons autour de mon livre La retraite de Nénette, récit d'une vieille orang-outan parisienne qui quitte la capitale et son zoo pour retourner dans sa forêt natale).
Nous dessinons ensuite un orang-outan. Chacun le sien, avec sa personnalité. Je leur montre étape par étape en le dessinant au tableau en même temps qu'eux (les différentes manières de dessiner les yeux en fonction du caractère que l'on souhaite donner, idem pour la position des bras, la manière de faire une fourrure avec des petits coups de pinceaux, la couleur orange etc.)
Résultat, nous avons une petite carte d'un orang-outan dans la forêt à la fin de la séance !
L'après-midi, nous reprenons les tâches réalisées en début de matinée pour un travail sur le hasard, l'imaginaire.
J'ai réalisé quelques tâches avant de venir. Je leur montre et nous prenons le temps de réfléchir ensemble. À quoi ces tâches nous font-elles penser ? On prend le temps d'observer les couleurs, la forme (on tourne la tâche dans tous les sens) et quand nous sommes fixés, je dessine au crayon l'œil d'un oiseau, ses pattes, son bec, sa valise, un chapeau... Un personnage est né ! Ne reste plus qu'à lui trouver un nom.
Ensuite, les enfants inventent et dessinent sur leurs tâches, c'est tout un monde qui s'ouvre comme par magie.
Impossible de s'arrêter en si bon chemin, mais toutes les tâches ont déjà une nouvelle vie. On récupère les petites feuilles de brouillon sur lesquelles les enfants faisaient des tests de couleurs avant de peindre lors des séances précédentes.
Quelques petits légumes et fruits adorables...
Deux bestioles aliens !
Pour celui-ci, je dois avouer que sur le coup, je n'ai pas trop compris ce que c'était...
En zoomant, je découvre des trésors d'inventivité :
Un petit joueur de basket...
Une conversation entre personnages étranges...
Le père noël !
Nous finissons la journée (intense) avec un moment de liberté sur leurs carnets. De gros progrès pour tous les enfants, les dessins sont magnifiques.
Le samedi matin, parents et enfants sont invités à se rendre à la bibliothèque d'Air bel pour participer à un atelier créatif à l'aquarelle. Mais ce n'est plus moi qui explique l'atelier, ce sont les enfants qui transmettent à leurs parents ce qu'ils ont appris les jours précédents !
Les travaux des enfants sont exposés. Ils sont fiers comme jamais de montrer leurs réalisations à leurs familles.
La bibliothèque est pleine à craquer, presque tous les enfants sont revenus avec leurs parents, frères, sœurs. Au travail !
... même le petit frère.
Voilà comment s'est terminé cet atelier sur trois jours.
Je tiens à remercier Antonia Shackelford et Valérie (l'extraordinaire maitresse de cette classe de CP), qui ont été à mes côtés pour que les choses se passent au mieux : nous n'étions pas trop de 3 pour organiser tout ça. Nous avons également eu un excellent accueil de la part de la bibliothèque d'Air Bel ! C'était un vrai plaisir.
Quelques photos du workshop avec les adultes qui ont réalisé une carte orang-outan pop-up à l'aquarelle :
Et sur le même principe en plus rapide pour les enfants du centre social :